L’importance de la Réhabilitation à l'Effort

                        Par le Dr CHARLES Pascal

 

Le concept de maladie primaire et de maladie secondaire

 

Les maladies pulmonaires chroniques se manifestent par un essoufflement, à l'effort au début, puis même au repos. Cette maladie est appelée la maladie primaire. 

 

            Qu'il s'agisse de la BPCO, de l'asthme évolué, de la fibrose pulmonaire ou des séquelles de tuberculose…, toutes ces affections qui retentissent sur le volume pulmonaire ou la circulation de l'air à l'intérieur de l'arbre bronchique, génèrent un inconfort respiratoire, tout particulièrement à l'effort, qui amène les patients à éviter les efforts physiques.

 

            Cette limitation de l'activité physique constitue l'origine de la maladie secondaire qui aboutit à une atrophie musculaire elle-même responsable d'une augmentation de l'inconfort respiratoire à l'effort.

            Cet enchaînement de phénomènes a été appelé « la spirale infernale de la dyspnée »

 

Le muscle dans les maladies chroniques et en particulier les maladies respiratoires chroniques

 

Les mouvements sont assurés grâce à la contraction musculaire.

 

À l'état normal le muscle est constitué de deux types de fibres :

 

  • les fibres blanches, contenant peu de capteurs d'oxygène, sont capables de réaliser des contractions musculaires de forte puissance mais de courte durée.

 

  • les fibres rouges, riches en capteurs d'oxygène, et capables de réaliser des contractions de faible puissance mais pour des durées prolongées.

 

            Chez le sujet sédentaire, les fibres rouges se modifient dans le sens d’une moindre performance avec une diminution du nombre de capteurs d’oxygène appelés mitochondries dans lesquelles le glucose ou les acides gras sont dégradés en présence d’oxygène avec libération de molécules énergétiques.

           

            De ce fait le muscle, dans l’incapacité de prélever l’oxygène sanguin en quantité suffisante, se comporte comme si l’apport d’oxygène était insuffisant en stimulant la ventilation et le cœur, ce qui a pour double effet de générer la sensation d’essoufflement, et d’augmenter la fréquence cardiaque.

 

La prise en charge optimale des maladies respiratoires comporte :

 

 

  • la prise en charge de la maladie primaire, reposant essentiellement sur des médicaments comme par exemple les bronchodilatateurs, mais également, le cas échéant, sur l'oxygène, et très souvent sur des techniques de kinésithérapie respiratoire, par exemple de désencombrement ; l'ensemble de ces techniques visant à améliorer le renouvellement de l'air dans les alvéoles pulmonaires et l'oxygénation du sang ainsi que le retrait du gaz carbonique issu du métabolisme.
  • la prise en charge de la maladie secondaire, qui s'adresse essentiellement à la rééducation musculaire. De ce point de vue, le muscle est très plastique et capable d'une importante récupération, ce qui fait tout l'intérêt de cette technique pour apporter aux patients insuffisants respiratoires un second souffle.

 

Les modalités du réentraînement à l’effort :

 

            Une évaluation initiale de l'aptitude à l'effort du patient : elle permet de définir à quel niveau de puissance le kinésithérapeute peut commencer à réaliser la réhabilitation.

 

            La réhabilitation elle-même se déroule sur 6 à 10 semaines, à raison de trois séances d'une demi-heure par semaine, par conséquent des efforts longs visant à améliorer l'endurance du patient. Cette phase est caractérisée par une interaction hebdomadaire entre le pneumologue et le kinésithérapeute de façon à déterminer si les charges de réentraînement peuvent être augmentées pour améliorer la performance du patient.

 

            C'est essentiellement l'évolution de la fréquence cardiaque, et les commentaires du kinésithérapeute concernant la tolérance à l'effort du patient qui permettent de juger de la possibilité d'augmenter les charges. En moyenne, au cours de la phase de réentraînement, les charges peuvent être augmentées de l'ordre de 30 % par rapport aux valeurs initiales.

 

            Après le réentraînement une seconde évaluation de l'épreuve d'effort permettra de mesurer les progrès accomplis, généralement 15 à 20 % d'amélioration dans la puissance maximale et le seuil.

 

            Puis vient la phase de long cours qui est essentielle et pendant laquelle le patient doit poursuivre l'activité physique. Nous conseillons d'habitude l’achat d’un cyclergomètre de bonne qualité comme le Kettler EX2, qui permet de régler les puissances de manière très progressive, et qui est doté d'un frein électromagnétique qui ne s'use pas dans le temps.

            Deux séances par semaine d'une demi-heure, qui peuvent éventuellement en période estivale être remplacées par des efforts à l'extérieur, doivent être réalisées toute l'année.

 

RARE : Le Réseau Alsacien de Réhabilitation à l'Effort  

 

            Afin de mettre à la disposition des patients la possibilité de mise en œuvre d’un programme de réhabilitation à l'effort en dehors d'un centre hospitalier de réadaptation comme le sont Saales, Schirmeck et Lalance dans notre région, dans un souci de relative proximité par rapport au domicile, le réseau s'est attaché à mobiliser des kinésithérapeutes, du nord au sud de l'Alsace, ainsi que des pneumologues ou éventuellement des cardiologues qui disposent d'un appareillage spécifique d'épreuve d'effort, apte à mesurer la consommation maximale d'oxygène d'un patient ou VO2 max.

 

            Il devient donc possible pour les personnes atteintes de maladies respiratoires en Alsace de se faire soigner avec une relative proximité par rapport à leur domicile de Wissembourg jusqu'à Altkirch.

 

            Pour un meilleur suivi des patients, ce réseau a fait l'objet de la création d'un logiciel spécifique accompagnant le dossier médical personnel, accessible en ligne de manière sécurisée par les professionnels, de façon à pouvoir collaborer au quotidien dans la réalisation et la mise en œuvre de ce traitement.

 

            Les résultats en sont une amélioration moyenne de 15 à 20 % des paramètres de l'épreuve d'effort et une amélioration de 30 % de l'énergie dépensée pendant la demi-heure de réentraînement à l'effort entre le début et la fin du réentraînement ce qui est superposable aux données des publications scientifiques internationales sur le sujet.

 

Nous sommes à votre disposition pour vous « remettre en selle » dès que vous le souhaiterez.