LES ACARIENS

 

Christina Delmas1, Martine Ott1, Audrey Dazy1, Frédéric de Blay1

 

1. Pneumologie, Allergologie, Pathologie Respiratoire de l'Environnement

Pôle de Pathologie Thoracique

Hôpitaux Universitaires de Strasbourg

BP 426 – 67091 STRASBOURG Cedex


Introduction

 

Les acariens représentent les allergènes les plus fréquemment responsables de rhinite et d’asthme allergique.


Les acariens

 

Il existe environ 50 000 espèces différentes d’acariens dans le monde, parmi celles-ci très peu sont présentes dans notre environnement domestique et engendrent des allergènes.

 

Le lien entre allergie et acariens de la poussière domestique a été découvert par Voorhorst et Monsieur et Madame Spieksma en 1964. Ils ont démontré une corrélation entre l’allergénicité des poussières domestiques et la quantité d’acariens présente dans celles-ci.

 

Les acariens font partie du groupe des arachnides comme les araignées. Leur taille est comprise entre 170µm et 500µm. Les femelles sont plus grandes que les mâles. Ils sont dotés de 4 paires de pattes, se terminant par des crochets ou des ventouses. Leur corps globuleux est recouvert d’une carapace, appelée exosquelette. Les sensilles constituées de soies ou de poils sensoriels, permettent de recueillir des informations. Ils ne voient pas mais sont sensibles à la lumière et la fuient. La durée de vie des acariens est de 2 à 3 mois, au cours de laquelle ils s’accouplent 1 à 2 fois. La quantité d’œufs pondus varie d’une espèce à l’autre : les D. pteronyssinus pondent 20 à 30 œufs tandis que les D. farinae en produisent 200 à 300. Le développement des acariens depuis l’œuf jusqu’à l’état adulte dure environ 1 mois en passant par plusieurs stades larvaires.

 

Les conditions optimales de développement des acariens sont liées à plusieurs facteurs : la température, le taux d’humidité et la présence de nourriture. La température idéale est comprise entre 26.6°C et 32.2°C, mais les acariens peuvent supporter des températures extrêmes allant de -15°C à 40°C. Le taux d’humidité optimal est situé entre 70 et 80% pour les D. pteronyssinus, de 60% pour les D. farinae, et de 80% pour les acariens de stockage. Les acariens de poussières domestiques (D. pteronyssinus, D. farinae) se nourrissent de squames et de phanères d’origines humaine et animale. Par conséquent ils sont appelés phanérophages. Les conditions optimales pour la croissance des acariens sont retrouvées dans la literie où la chaleur humaine, le taux d’humidité et l’abondance de nourriture favorisent leur développement. Pour les acariens de stockage (Lepidoglyphus destructor, Glyciphagus domesticus, Tyrophagus putrescentiae) la température idéale est de 30°C toutefois certaines espèces peuvent supporter des températures de 4°C.

 

Les allergènes

 

Un allergène est une substance capable de provoquer une réaction allergique chez les individus préalablement sensibilisés.

 

La dénomination des allergènes a été établie suite à une commission de nomenclature de l’Union internationale des sociétés d’immunologie. Cette dénomination est constituée de 3 parties : la première utilise les 3 première lettres de la source d’allergène (exemple : Der pour Dermatophagoïdes), la deuxième partie est la première ou deuxième lettre de l’espèce (exemple : p pour pteronyssinus), et la troisième partie est un numéro qui désigne soit l’ordre de découverte de l’allergène, soit l’importance clinique de l’allergène, soit les deux (exemple : Der p 1 pour l’allergène majeur du Dermatophagoïdes pteronyssinus). Chez les acariens, les sources d’allergènes proviennent de leurs matières fécales, de leurs sécrétions salivaires et des débris de corps. Par conséquent les acariens morts sont également des sources d’allergènes.

 

De nombreux groupes d’allergènes différents existent. Les groupes d’allergènes majeurs des acariens de poussières domestiques sont issus du groupe 1 (Der p 1 et Der f 1) et du groupe 2 (Der p 2 et Der f 2). La connaissance des allergènes progresse d’année en année et permet d’améliorer le diagnostic et la prise en charge des allergies. A côté de leur propriété allergénique, les allergènes acariens sont des enzymes qui ont une activité délétère sur les muqueuses.

 

Les allergies

 

En France 20 à 30 % de la population présente une allergie respiratoire. La prévalence des sensibilisations aux acariens dans la population générale est située entre 9 et 16%. Dans l’étude ISAAC de phase II, 15% des enfants âgés de 12 à 13 ans à Strasbourg étaient sensibilisés aux acariens domestiques.

                       

Les sensibilisations liées aux allergènes des acariens sont associées à des manifestations allergiques, de type rhinite allergique et asthme, qui dominent le tableau clinique, mais des manifestions telles que des  conjonctivites et de la dermatite atopique peuvent également être retrouvées. La rhinite allergique est présente toute l’année. Elle entraîne une altération de la qualité de vie, et suivant l’intensité des symptômes, elle est classée en rhinite légère, modérée ou sévère. Parmi les asthmes allergiques sévères on retrouve le plus souvent une sensibilisation aux acariens.

 

Les mesures d’éviction aux acariens

 

Leur objectif est de diminuer la concentration de polluants (allergéniques et non allergéniques) présents dans le domicile et notamment la chambre à coucher. Les allergènes des acariens peut être mesurée par un acarex-test® disponible en France. Les mesures d’éviction peuvent être orientées par une conseillère en environnement.  Ces méthodes doivent être globales et peuvent comprendre l’augmentation de la ventilation de façon à diminuer le taux d’humidité relative à l’intérieur des habitats, les housses anti-acariens, des sols lisses et le retrait des oreillers et couette en plumes et la réduction des émissions de polluants chimiques. L’éviction globale a montré son efficacité clinique chez l’enfant asthmatique allergique. Selon la conférence d’experts de la SPLF et les recommandations américaines, il est recommandé de réaliser une éviction la plus complète possible des acariens. L’intervention de conseillers médicaux en environnement intérieur a démontré son efficacité chez l’enfant. 

 

Les traitements

 

Outre le traitement médicamenteux habituel de l’asthme et de la rhinite allergique, l’immunothérapie peut être proposée au patient rhinitique et asthmatique allergique aux acariens, par voie sous-cutanée ou sublinguale. L’efficacité de cette biothérapie a été démontrée par des études comprenant un grand nombre de patients.

 

Conclusion

 

Plus de 50 ans après la découverte des acariens responsables de 80% de l’asthme allergique de l’enfant, et de 50% de l’adulte, des progrès importants ont été réalisés dans la connaissance des allergènes des acariens et dans le traitement étiologique de cette allergie (éviction et immunothérapie).