APA chez nos voisins allemands

Flèche bas Flèche haut

 

Le contact quotidien avec des malades atteints de BPCO montre la nécessité d’une pratique sportive. Ce qui paraît évident à tous les médecins, généralistes ou spécialistes, lorsqu’il s’agit de maladies cardiaques – vu la densité de centres de sport spécifiques – est loin de couler de source dans le cas d’insuffisants respiratoires, en particulier de patients atteints de BPCO.

 

Nous constatons quotidiennement qu’une thérapie médicamenteuse seule est insuffisante et ne pouvons que déplorer à chaque consultation la dégradation constante de l’état physique des patients. A cause de leur manque de souffle, leur activité physique est limitée et leur déconditionnement en constante progression. De peur de manquer d’air, ils bougent de moins en moins. Pendant longtemps, ils ont été encouragés à se ménager, alors que de nombreuses études prouvent depuis des années le succès de la pratique sportive. En particulier, les cliniques de cure de réhabilitation rendent compte, depuis fort longtemps déjà, de l’intérêt du sport chez les asthmatiques.

 

Dans les centres de cure de réhabilitation respiratoire, on constate de plus en plus les résultats positifs de l’entraînement sportif des IR : une meilleure résistance au quotidien, une réduction des exacerbations et partant de là, une qualité de vie améliorée.

Pour offrir aux patients motivés (après un séjour en réhabilitation ou lors d’une consultation) un lieu d’entraînement approprié, j’ai créé, il y a quatre ans, un groupe de pratique sportive pour IR. C’est là que les malades peuvent participer à des séances d’entraînement, adaptées aux besoins individuels avec des moniteurs spécialement formés.

D’abord il a fallu trouver une salle de sport. Cet obstacle franchi, nous avons mis en place un entraînement hebdomadaire avec quatre patients. Nous avons également réussi à trouver une physiothérapeute qui avait de l’expérience dans le domaine des maladies respiratoires obstructives.

 

En plus du plaisir que cette rencontre procurait aux participants et malgré un certain nombre de courbatures, on a rapidement constaté une amélioration de l’état de santé de presque tous les patients. Les aspects sociaux, tels que la pratique du sport avec d’autres IR et le sentiment d’appartenance au groupe, ont renforcé le processus.

Actuellement nous comptons 24 membres qui prennent part régulièrement aux séances, bien que certains doivent parcourir jusqu’à 35km pour rejoindre leur « club ». Il y a à peu près autant de femmes que d’hommes, âgés de 40 à 78 ans. Nous recrutons nos patients dans les services de pneumologie ou dans les cabinets du secteur urbain, mais les malades nous sont également adressés par de nombreux généralistes sensibilisés à notre action.

 

…Comme il y a chez nous des patients atteints de BPCO, la présence d’un médecin est indispensable. Les malades nous en sont reconnaissants et le praticien a l’occasion, à la fois de rafraîchir les connaissances acquises en réhabilitation et de constater les progrès réalisés, par exemple à l’aide du test de marche des 6 minutes.

Notre groupe compte aussi bien des patients atteints de BPCO que des asthmatiques et deux malades dépendants d’une oxygénothérapie à l’effort. Nous proposons un programme varié d’exercices de coordination, d’endurance et d’entraînement à l’effort, ainsi que de la randonnée nordique à la belle saison.

En conclusion, nous constatons le succès de ces quatre années de pratiques sportives pour IR et nous nous réjouissons de l’augmentation du nombre des membres et de la régularité de leur présence aux séances. Si cette progression se poursuivait, un deuxième groupe verrait le jour au cours de l’année.

La qualité de vie a considérablement augmenté pour tous et les exacerbations diminuent. Les patients ont trouvé un club dans lequel ils peuvent pratiquer du sport malgré leur handicap. La difficulté étant adaptée à leurs besoins, l’angoisse de l’activité physique en groupe disparaît.

Après quatre années de pratique, le groupe est devenu un facteur social important pour les patients, mais aussi pour moi, en qualité de médecin soignant. Cette expérience avec des malades atteints de BPCO devrait nous inciter à créer d’autres groupes, à les encadrer et à développer ce mode de thérapie.

 

Auteur : Dr Antje Hammers-Reinhard - Pneumologue, Allergologue

 

 

Insuffisants respiratoires : activité sportive en groupe

Point de vue psychologique

 

Les maladies chroniques des voies respiratoires et du poumon induisent généralement chez les personnes concernées une diminution notoire des capacités physiques et de la qualité de vie. Cette dégradation vécue au quotidien et le manque de souffle les empêchent le plus souvent de pratiquer des activités physiques et sportives adéquates – de peur d’augmenter encore ce manque de souffle. Ce qui signifie aussi que les relations sociales s’étiolent avec le temps, facteur de dépression chez certains. Ajouté à la progression du déconditionnement, un cercle vicieux, s'installe : il a une action très négative sur l’état général de la personne et aggrave la maladie.

 

Des activités sportives dans des groupes adaptés aux IR offrent une excellente possibilité de briser cette évolution négative. Les personnes concernées rencontrent leurs semblables, peuvent échanger leurs expériences et constatent peu à peu que d’autres vivent les mêmes situations. Sous la direction d’un spécialiste s’ouvre la possibilité de découvrir des exercices sportifs adaptés et de les pratiquer – en tenant compte de l’aptitude du moment –. Il en résulte une confiance en soi accrue, une augmentation des capacités physiques, un meilleur moral et une vie sociale plus riche. Du point de vue psychologique, on ne peut – globalement – que recommander aux IR la pratique d’un sport spécifique, en accord avec le médecin traitant.

 

Auteur : Udo Kaiser - Davos : Clinique de haute montagne

 

Témoignage d’une patiente

 

Cela fera huit ans, cet été, que j’ai commencé à pratiquer des exercices pour insuffisants respiratoires. Au début il s’agissait surtout de retrouver une certaine condition physique et d’apprendre à « apprivoiser » ma maladie, ce que j’ai réussi à faire dans mon club avec mes « compagnons d’infortune. » Actuellement les exercices spécifiques servent avant tout à garder la forme, acquise avec tant d’efforts et de peine. Seule, ce serait impossible : car, en plus des directives permanentes et avisées, il faut également la légère pression du groupe qui m’incite à me rendre une fois par semaine à l’entraînement. En prime j’y prends plaisir.

 

Texte lu sur le site allemand : www.lungenpost.org dans le journal « Luftpost »