ASTHME SÉVÈRE : LIBÉRER LES POUMONS  

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En réduisant la masse musculaire qui enserre les bronches, la thermoplastie soulage les asthmes sévères. Reportage à l’hôpital Bichat, à Paris.

 

 

Trois séances de 45 minutes sont nécessaires pour traiter les deux poumons et réduire de moitié – en moyenne – la masse musculaire. Lefteris Pitarakis/AP/SIPATrois séances de 45 minutes sont nécessaires pour traiter les deux poumons et réduire de moitié – en moyenne – la masse musculaire.  

Le lundi, c’est thermoplastie ! À l’hôpital Bichat (Paris), depuis un an, le service de pneumologie du professeur Michel Aubier propose chaque lundi une intervention unique en France : la thermoplastie bronchique. 

Pratiquée dans le cadre d’un protocole de recherche, cette technique permet de brûler le muscle lisse (différent des muscles du mouvement qui sont striés) qui entoure les bronches. Car leur volume est fortement augmenté chez les asthmatiques, particulièrement ceux qui souffrent d’asthme sévère.  

C’est le cas de Christine, 40 ans, qui vient aujourd’hui pour sa première séance. Ses crises, extrêmement pénibles, durent de quelques heures à plusieurs jours. "Moins de 1 % des asthmatiques souffrent d’un asthme sévère qu’aucun traitement médicamenteux ne parvient à contrôler. Or, 80 % des décès surviennent dans ce groupe", rappelle le Pr Aubier.

 

Quatre griffes pour chauffer la paroi bronchique

 

L’anesthésie légère ayant plongé la patiente dans un demi-sommeil, le pneumologue introduit dans son nez un long câble creux muni d’une micro-caméra. Pharynx, larynx, bronches… un dédale au bout duquel se trouvent d’étroits canaux de 3 à 10 millimètres de diamètre. Un cathéter est alors glissé dans le câble. Il sort ses quatre griffes pour impulser une radiofréquence destinée à chauffer la paroi bronchique à 65 °C. 

Trois séances de 45 minutes sont nécessaires pour traiter les deux poumons et réduire de moitié – en moyenne – la masse musculaire. Les premières études réalisées en 2010, en Amérique du Nord, ont montré que le traitement permettait une diminution de 84 % des hospitalisations pour crises. Un excellent résultat et, pour Christine, qui reviendra dans trois semaines pour sa deuxième séance, la perspective d’une vie nouvelle.

 

Marie-Noëlle Delaby

 

SCIENCES & AVENIR : mars 2014

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Nouveautés dans la prise en charge de l’asthme

  

Docteur Cindy Barnig – PHU - Pôle de Pathologie Thoracique - Service de Pneumologie 

Hôpitaux Universitaires de Strasbourg

  

 

Qu’est-ce que l’asthme ?

 

 

C’est une maladie respiratoire chronique qui touche les bronches et concerne aussi bien les nourrissons, les enfants, les adultes, que les seniors. Elle continue sa progression en termes d'épidémiologie avec plus de 4 millions de personnes en France et 30 millions de personnes en Europe. Environ 1000 personnes meurent encore chaque année en France de leur maladie asthmatique.

  

Chez un sujet sain, l’air inspiré par le nez passe via la trachée dans les bronches et les alvéoles pulmonaires et apporte l’oxygène nécessaire au fonctionnement des tissus. En cas de crise d’asthme, le calibre des bronches est réduit et l’air arrive plus difficilement dans les alvéoles pulmonaires, ce qui entraîne les symptômes d’asthme (sifflements, gêne respiratoire, toux, oppression thoracique,…). Ces symptômes surviennent volontiers la nuit et peuvent être causés et/ou déclenchés par de nombreux facteurs.

 

 L’asthme est une maladie inflammatoire chronique

 

 Il est maintenant bien établi que l’asthme est dû à une inflammation chronique au niveau des bronches avec une accumulation de différentes cellules inflammatoires dans les tissus respiratoires. Parmi ces cellules inflammatoires, une certaine population de globules blancs, les éosinophiles, est particulièrement enrichie dans les bronches asthmatiques et semble être responsable de la maladie.

 

 

Différentes techniques ont été développées ces dernières années pour mieux évaluer cette inflammation bronchique en routine. Ainsi, l’inflammation des voies aériennes peut être facilement caractérisée par la mesure du monoxyde d'azote (NO) exhalé, dont l’importance est corrélée à la présence des éosinophiles. L’expectoration induite est un examen peu invasif permettant une évaluation précise de toutes les cellules inflammatoires dans les sécrétions bronchiques.

 

 

Phénotypes de l’asthme

 

 

L’asthme est une maladie multiforme. En tenant compte des différentes formes cliniques, des facteurs favorisant, des données inflammatoires et des co-morbidités, différents phénotypes peuvent être identifiés. Nous distinguons ainsi chez l’adulte les asthmes allergiques des asthmes non allergiques. Parmi les asthmes non allergiques, différents phénotypes tel que l’asthme à éosinophiles avec polypose nasosinusienne, l’asthme de l’obèse, et l’asthme à neutrophiles du fumeur ont pu être individualisés. Chez les nourrissons, on distingue 3 types d’asthme: l’asthme déclenché par les infections virales, qui la plupart du temps provoque un asthme léger ; l’asthme non-allergique, difficile à contrôler malgré le traitement ; et l’asthme associé à l’eczéma et/ou à l’allergie. Chez l’enfant d’âge préscolaire, on individualise l’asthme allergique léger, l’asthme sévère avec des allergies multiples et l’asthme sévère non allergique résistant au traitement par corticoïdes.

 

 

L’identification de ces différents types d’asthmes permet ainsi de proposer des traitements personnalisés.

 

 

 

Nouveaux traitements dans l’asthme

 

  

Un traitement par des médicaments inhalés est le plus souvent suffisant pour contrôler les symptômes et mener une vie normale. Quand cela ne suffit pas, ou en fonction de la cause, il existe des traitements supplémentaires.

 

  

Les anti-IgE sont une thérapie dans l’asthme qui cible les anticorps responsables de l’allergie (les immunoglobulines E ou IgE). Cette classe thérapeutique est réservée aux asthmes sévères d’origine allergique qui ne parviennent pas à être contrôlés par les autres traitements et elle nécessite une prise en charge spécialisée.

 

  

Certains asthmatiques peuvent bénéficier d’une immunothérapie spécifique à l’allergène. Connue depuis de nombreuses années, elle consiste à introduire des doses progressives et croissantes d’un extrait allergénique dans le but d’améliorer la tolérance à cet allergène. Ce traitement peut être efficace en cas d’allergie aux pollens, aux acariens et dans certains cas aux animaux.

 

D’autres médicaments sont en cours de développement qui pourront contrôler les éosinophiles impliqués dans l’inflammation des bronches.

 

 

De même, des nouvelles techniques sont en cours d’expérimentation pour des cas d’asthme particulièrement sévères, notamment la thermoplastie, qui consiste à brûler une partie du muscle qui entoure les bronches et qui a tendance à fortement gonfler chez les asthmatiques sévères.

 

 

Contrôle de l’asthme

 

  

En attendant les nouveaux traitements, il est essentiel de savoir contrôler au mieux son asthme. En cas de bon contrôle de l’asthme, on ne ressent peu ou pas de symptômes, on peut mener ses activités sans difficulté, on peut dormir sans gêne respiratoire et on a peu ou pas besoin d’utiliser son bronchodilatateur de secours.

  

 

Il existe un auto-questionnaire simple composé de 5 questions permettant d’évaluer le contrôle de son asthme et qui permettra également au médecin de suivre l’évolution de la maladie et de mieux adapter le traitement.

 

  

Education thérapeutique

 

  

De très nombreux sthmatiques ne suivent pas correctement leur traitement pour diverses raisons: méconnaissance, idées reçues erronées, etc. C'est là que l'éducation thérapeutique intervient en expliquant l'utilité d'une bonne observance, mais aussi en établissant un plan d’action personnalisé écrit avec le médecin, rendant le patient capable de prévoir et d'éviter l'apparition d'une crise ou d'empêcher celle-ci de s'aggraver.

 

Des séances de formation en groupe ou individuelles peuvent être proposées dans une école de l’asthme, dont il existe une centaine en France. 

 

 

Conclusion

 

 L’asthme est caractérisé par la présence d’une inflammation bronchique chronique. Des techniques permettant de mieux caractériser cette inflammation chronique ont été développées ces dernières années, dont l’expectoration induite et la mesure du NO exhalé. Différents phénotypes d’asthmes ont été décrits, permettant une personnalisation des traitements dans le futur.

 

 

Sources : http://www.ginasthma.org/  -   http://asthme-allergies.org/    -   http://www.resedaa.fr/