TOUT CE QU’IL FAUT SAVOIR

SUR LE CANCER DU POUMON

                                                       

Par Anne-Sophie Glover-Bondeau

 

 

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 1,3 millions de personnes meurent d’un cancer du poumon chaque année dans le monde. Causes, symptômes, traitements, recherche…Zoom sur ce cancer.

 

 

Un cancer fréquent et meurtrier

 

            Les cancers du poumon sont les plus répandus dans le monde avec 900 000 nouveaux cas par an chez l'homme et 330 000 chez la femme. Le cancer du poumon est l'une des formes les plus fréquentes de cancer. Il tue par an 1,3 millions de personnes dans le monde, soit près de 18% des décès par cancer. Plus de 4 cancers du poumon sur 5 sont liés au tabac. Les hommes sont actuellement plus touchés que les femmes. Néanmoins, cette tendance tend à disparaître compte tenu de l'augmentation du tabagisme féminin.

           

            En France, on estime qu’en 2005, ce cancer a été responsable de plus de 26600 décès. La même année, plus de 30600 nouveaux cas ont été diagnostiqués dans notre pays. Le cancer du poumon représente la première cause de mortalité par cancer chez l'homme. Il est la troisième cause de mortalité chez la femme après celui du sein et du cancer colorectal. Cependant, la fréquence de ce cancer augmente chez les femmes : elle a été multipliée par 4 en 10 ans chez les femmes de 35 à 45 ans: augmentation de 5,8 % par an, avec 7000 cas par an.

 

Le cancer dont la mortalité est la plus élevée

           

            85% des patients qui développent un cancer du poumon en meurent : il s'agit d'un des cancers les plus meurtriers. La moitié des patients atteints meurent au cours de la première année suivant le diagnostic et 80% d'entre eux dans les deux ans. Le risque diminue fortement en cas d'arrêt de la cigarette et le taux de survie est largement supérieur lorsque la maladie est précocement diagnostiquée.

Source: American Thoracic Society, juin 2009

 

 

Le cancer broncho-pulmonaire 

 

            Le cancer du poumon est en premier lieu un cancer de la bronche qui envahit ensuite le poumon. Il faut donc plutôt parler de cancer broncho-pulmonaire. Il existe deux grands types de cancers du poumon. Ceux dits « à petites cellules » représentent environ 15 % des cancers diagnostiqués. L’autre type, les cancers pulmonaires « non à petites cellules » représentent la grande majorité des cancers du poumon diagnostiqués (environ 85 %). On distingue trois principaux sous-types de cancers pulmonaires non à petites cellules : les carcinomes épidermoïdes, les adénocarcinomes et les carcinomes à grandes cellules.

           

A savoir : le cancer du poumon apparaît le plus souvent entre 45 et 70 ans.

 

 

 

Les femmes, de plus en plus touchées

 

         Conséquence de l’augmentation du tabagisme chez la femme, le cancer du poumon est devenu la première cause de mortalité par cancer chez la femme aux Etats-Unis, devant le cancer du sein.

 

         Les évolutions des habitudes en matière de tabagisme expliquent, en partie, la progression de l'impact du cancer du poumon sur les femmes. En l’espace d’un demi-siècle, l’âge de la première cigarette a baissé de 7 ans chez les femmes, au lieu de 2 ans chez les hommes. Le tabagisme régulier apparaît désormais 9 ans plus tôt chez les femmes au lieu de 7 ans chez les hommes. Il s’ensuit une exposition au tabac plus précoce et plus intense. La courbe d’incidence du cancer du poumon chez la femme a été multipliée par 4 entre 1980 et 2005, alors que celle des hommes n’a augmenté que de 46%. Selon l'assurance maladie, cette tendance dramatique devrait se poursuivre durant les 2 prochaines décennies du fait de l'augmentation du tabagisme féminin depuis la deuxième guerre mondiale.

 

         En outre, la maladie atteint les femmes plus jeunes et pour une moindre consommation de tabac. En effet, différentes études, dont une étude suisse de 2009, ont montré que les femmes étaient plus sensibles que les hommes aux effets toxiques du tabac.

 

Source : European Society for Medical Oncology, 3 mai 2009

 

Symptômes

 

            Malheureusement les symptômes du cancer du poumon sont rarement très clairs et spécifiques, ce qui fait qu'on découvre souvent une tumeur par hasard, par exemple après une radio. Le poumon ne contenant pas de terminaison nerveuse, l’apparition d’une tumeur pulmonaire ne provoque pas directement de douleur. Celle-ci devient perceptible quand une tumeur atteint certains tissus comme la plèvre, ou lorsqu'elle appuie sur des structures nerveuses avoisinantes. La tumeur peut également comprimer ou envahir d’autres organes et provoquer d’autres symptômes. Certains signes doivent amener à consulter :

 

è    Toux rebelle

è    Crachements de sang même minimes

è    Douleur thoracique persistante

è    Essoufflement

è    Infections bronchiques répétées

è    Modification de la voix

è    Gonflement du cou et de la face, surtout le matin au réveil

è    Hippocratisme digital : bombement inhabituel des ongles et élargissement des phalanges du bout des doigts

 

è    Maux de tête, phlébites, signes neurologiques avec confusion mentale…

           

            Le cancer du poumon peut aussi se manifester par des signes généraux : fatigue, amaigrissement, fièvre prolongée… Ces symptômes ne sont pas « spécifiques » du cancer, c'est-à-dire qu’ils peuvent être causés par d'autres maladies. Il est important de consulter un médecin si l'un d'eux persiste plusieurs jours, d'autant plus en cas de tabagisme. Tout symptôme respiratoire apparaissant chez une personne tabagique doit conduire celle-ci à consulter.

 

Diagnostic

 

            Un examen clinique suivi d'une radiographie pulmonaire, constituent les premières étapes dans le diagnostic du cancer du poumon. Le médecin peut en outre prescrire un examen d’imagerie, appelé scanner ou tomodensitométrie.

 

            Quels que soient les résultats de ces examens, seule une biopsie peut permettre d'affirmer la présence ou l'absence de cancer. Cette technique consiste à prélever un fragment de tissu suspect pour l’étudier au  microscope. Les biopsies sont effectuées lors d'une bronchoscopie, un examen qui permet au médecin d'observer les voies aériennes à l'aide d'un tube équipé d'un système optique. Cette exploration est réalisée par un pneumologue, sous anesthésie locale, à l’hôpital ou en clinique. La biopsie permet non seulement de savoir si le patient est bien atteint de cancer, mais aussi d’obtenir des indications sur le type de cancer dont il souffre (cancer « à petites cellules » ou « non à petites cellules »)

 

 

Les facteurs de risque du cancer du poumon

 

         Certaines personnes ont une susceptibilité particulière de développer un tel cancer mais on ne sait pas encore bien les identifier ni pourquoi.

 

         Certains facteurs augmentent les risques de développer un cancer du poumon. On peut agir sur les facteurs identifiés :

 

► Le tabagisme est le principal facteur de risque de cancer du poumon: à lui seul, il est à l’origine d’environ 90% de toutes les maladies liées à ce cancer. La fumée du tabac ne nuit pas seulement aux fumeurs eux-mêmes : le tabagisme passif augmente également les risques. Le pourcentage de cancer broncho-pulmonaire chez les patients non fumeurs est en augmentation, notamment chez les femmes.

 

► Les expositions professionnelles : les personnes exposées à des substances cancérigènes telles l’amiante ont un risque accru de cancer du poumon, risque aggravé si elles sont fumeuses.

 

► Les facteurs environnementaux, comme la pollution atmosphérique (implication pas encore démontrée).

 

► Les facteurs hormonaux et/ou biologiques chez les femmes, même si dans l’immédiat on ne peut pas réellement agir sur ces facteurs

 

 

Sources : Association pour la Recherche sur la Cancer, cancer du poumon, 2009 ;

 

Le cancer du poumon : les traitements

        

                Il existe trois principaux types de traitements du cancer du poumon : la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie. Chacune de ces approches peuvent être utilisées seules ou associées, en fonction de chaque cas.

 

La chirurgie

 

            La chirurgie, lorsqu'elle est possible, reste le seul traitement curatif du cancer du poumon, elle consiste à enlever la tumeur dans sa totalité. L'étendue de la chirurgie dépend de la taille et de la localisation de la tumeur : on réalise l'ablation de tout (pneumonectomie totale) ou partie (lobectomie) du poumon atteint.

 

 

La radiothérapie

 

            La radiothérapie utilise des faisceaux d'électrons pour détruire les cellules cancéreuses et empêcher leur prolifération. Comme avec la chirurgie, il s'agit d'un traitement local dépourvu de toute action sur d'éventuels foyers à distance (métastases). La radiothérapie peut être utilisée seule ou associée à d'autres traitements. Certaines techniques de radiothérapie très précises sont maintenant disponibles, par exemple la radiothérapie stéréotaxique ou radiochirurgie. Seuls certains stades de la maladie sont concernés par ces nouvelles techniques.

 

La chimiothérapie

 

            La chimiothérapie consiste à administrer un ou plusieurs médicaments toxiques pour les cellules cancéreuses. Il existe de nombreuses molécules, qui sont principalement administrées par voie intraveineuse ou plus rarement par voie orale. Les agents administrés diffusent dans tout l'organisme, contrairement à la chirurgie et à la radiothérapie qui assurent un contrôle local de la tumeur. La chimiothérapie peut traiter simultanément toutes les lésions tumorales de l'organisme, qu'elles soient visibles ou non sur les examens effectués.

 

ü      Le traitement des cancers pulmonaires à petites cellules

            Le cancer pulmonaire à petites cellules se propage rapidement vers des régions éloignées du poumon. C'est pourquoi la chirurgie n'est quasiment jamais proposée et le traitement repose souvent sur la chimiothérapie qui traite toutes les lésions, y compris les métastases qui ne se verraient pas. Une radiothérapie du thorax est parfois proposée, en fonction de l'extension initiale de la maladie. Une radiothérapie cérébrale est très souvent indiquée, même en l’absence de métastases cérébrales visibles sur le scanner ou l’IRM.

 

ü      Le traitement des cancers pulmonaires non à petites cellules

            Lorsque la tumeur est localisée et opérable, elle doit être retirée si le patient ne présente pas de contre-indication chirurgicale. L'étendue de l'opération dépend de la taille et du siège de la tumeur. Une chimiothérapie et/ou une radiothérapie postopératoire peuvent être proposées, dans certains cas, pour renforcer les résultats de la chirurgie et éviter une rechute locale ou à distance. Lorsque la tumeur est jugée inopérable mais reste localisée au thorax, une radiothérapie est indiquée. Elle est parfois associée à une chimiothérapie, selon l'état de santé général du patient. Dans le cas où la tumeur a envahi d'autres organes et donne lieu à des métastases, le traitement repose d’abord sur la chimiothérapie et parfois sur la radiothérapie.

 

 

Les thérapies ciblées : une nouvelle génération de traitements du cancer

 

         Ces nouvelles molécules s’attaquent plus spécifiquement  aux cellules cancéreuses, ou à leur environnement.

 

►   La pionnière de ces molécules est un inhibiteur du récepteur de l'EGF (ou EGFR), une protéine présente dans la membrane des cellules cancéreuses. Les inhibiteurs de l'EGFR bloquent alors spécifiquement la croissance des tumeurs sous le contrôle de l'EGFR. Dans certains cas, l'activation de ce récepteur membranaire induit des signaux dans les cellules cancéreuses et entraîne leur multiplication.

 

   Les molécules anti-angiogéniques forment une autre catégorie de thérapie ciblée. Elles freinent le développement des vaisseaux sanguins qui alimentent la tumeur, l’empêchant ainsi de croître. Dans le traitement du cancer bronchique, ces traitements sont parfois proposés en association avec la chimiothérapie.

 

   Dans le traitement des cancers bronchiques, ces traitements sont parfois proposés seuls ou en association avec la chimiothérapie.

Les livres et sites pour en savoir plus :

 

  • Pierre Magdeleinat, Jeanne-Marie Bréchot, Catherine Durdux, « Cancer du poumon-Guide à l’usage des patients et de leur entourage », Editions Bash, Paris, 2006 (2ème édition)
  • www.fnlcc.fr : le site de la Fédération nationale des centres de lutte contre le cancer propose un livret à télécharger « Comprendre le cancer bronchopulmonaire » et les coordonnées des vingt centres régionaux de lutte contre le cancer.

 

Témoignages sur le cancer du poumon  

 

Jean-François, 57 ans

« C’est une métastase qui m’a sauvé »

 

« J'ai eu un cancer des poumons non à petites cellules avec une métastase au cerveau. Je n'avais aucun symptôme à part la fatigue et une perte de poids. C'est la métastase qui m'a "sauvé" car elle comprimait certains nerfs et j'avais de forts maux de tête, je n'arrivais plus à parler, ma vue baissait terriblement... On a découvert ainsi ma tumeur au poumon. Mon cancer n’était pas opérable. On m’a fait de la chimiothérapie et de la radiothérapie. Cela a été très dur, mais je me suis battu et je suis en rémission depuis le 7 juillet 2008. Je fais un scanner de contrôle tous les trois mois. »

 

Serge, 62 ans

«J’étais un grand fumeur  »

En octobre 2005 on m'a décelé un cancer du poumon droit. J'étais un grand fumeur. J'ai subi une pneumonectomie. Après 27 jours d'hospitalisation, à ma sortie je n'ai plus eu envie de fumer. Mon message aux fumeurs : arrêtez tout de suite, n’attendez pas qu’une catastrophe vous arrive… »

 

Marion, 32 ans

« Le tabac a tué ma mère »

« J’ai perdu ma mère d’un cancer du poumon il y a deux ans. Elle n’avait que 57 ans. Elle avait arrêté de fumer cinq ans avant l’annonce de sa maladie, mais elle avait fumé pendant 35 ans. Quand je lis que de plus en plus de plus de femmes ont un cancer du poumon, ça me fait vraiment mal. J’essaie d’informer les gens autour de moi, de les avertir, mais c’est difficile. »

 

Cancer du poumon : où en est la recherche ?

 

            La recherche en cancérologie pulmonaire est très active et a fait de gros progrès ces dernières années. Elle se concentre sur trois axes : les causes, le diagnostic et les traitements du cancer du poumon.

 

Les causes biologiques

 

            Elles restent mal connues, mais la recherche fondamentale découvre chaque année de nouveaux gènes et de nouvelles protéines impliquées dans le cancer pulmonaire. On commence à comprendre la façon dont se développent ces cancers, ce qui permettra de mieux les traiter et peut-être les prévenir.

 

Un diagnostic plus précis

 

            Le diagnostic est aujourd'hui de plus en plus affiné, grâce au développement d'outils comme la tomographie à émission de positons (PET-Scan) ou la fibroscopie à fluorescence qui permettent de mieux visualiser les zones tumorales ou pré-tumorales. Mieux classifier les tumeurs et repérer les modi­fications biologiques et mutations génétiques associées à celles-ci, cela per­mettra de trouver de nouvelles cibles thérapeutiques et par conséquent d'éla­borer des traitements plus efficaces.

 

Des traitements plus ciblés

 

            Aujourd'hui, on dispose de nouveaux moyens permettant d'apporter une alternative à la chirurgie lorsque celle-ci n'est pas réalisable (par radiothérapie stéréotaxique par exemple, ou par radiofréquence sous scanner), ou de limiter celle-ci, grâce à des techniques chirurgicales moins invasives. En ce qui concerne les médicaments, ces dernières années ont vu l'arrivée de nouvelles molécules qui ont fait la preuve de leur efficacité. Beaucoup d’autres médicaments sont testés et la recherche est très active dans ce domaine. Les résultats sont prometteurs. Ils se traduiront dans l'avenir par une meilleure efficacité des traitements.

 

Source : « le cancer du poumon », brochure Collection « soigner… », ARC, septembre 2006

 

Un test de l’haleine pour détecter le cancer du poumon ?

 

         Un simple test de l'haleine pourrait un jour permettre de savoir si une personne est atteinte d'un cancer du poumon.

 

         Des chercheurs israéliens ont mis au point un processus qui permet de diagnostiquer ce type de cancer par une simple analyse de l'air rejeté par la bouche en provenance des poumons. L'équipe de l'Institut de technologie d'Israël affirme que ce test permet d'établir la présence du cancer avant même que les tumeurs ne soient visibles sur des radiographies.

 

         Des nanoparticules en or sont utilisées pour permettre la détection des niveaux infimes de certains composés organiques volatiles, dont la quantité augmente chez les individus atteints du cancer. Les premiers essais ont permis de détecter des cancers du poumon avec une réussite de 86 %. Actuellement, seulement 15% des cancers sont découverts avant que la maladie ait commencé à s’étendre.

 

         « Ces résultats sont très prometteurs pour des diagnostics rapides, faciles et peu coûteux du cancer du poumon » ont souligné les chercheurs, estimant que la technique pourrait être étendue à d’autres types de cancer.

 

         Selon l'auteur principal des travaux, le Dr Hossam Haick, la technique doit cependant encore être soumise à des essais cliniques à grande échelle.

 

Source : “Diagnosing lung cancer in exhaled breath using gold nanoparticles”, Nature Nanotechnology, 30/08/09

 

 

Fiche santé n°11     Cancer du poumon : le prévenir

 

Dr François BLANCHON, Chef du service pneumologie, CHU de Meaux

 

  • Le moyen préventif le plus efficace est sans aucun doute de ne pas commencer à fumer ou d’arrêter de fumer.

 

  • Eviter d’être exposé au tabagisme passif
  • Eviter de s’exposer à des substances cancérogènes en milieu professionnel. Si vous devez manipuler de tels produits, respectez les mesures de précaution propres à chaque produit (port de masques…). Attention de ne pas ramener vos vêtements de travail à la maison.
  • Eviter l’exposition à l’amiante

 

Ce dossier est extrait de la revue « LA LETTRE DU SOUFFLE » n° 56 - bulletin de liaison des amis du Comité de Lutte Contre les Maladies Respiratoires (CNMR).

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