LA GREFFE PULMONAIRE

 

La greffe de poumon est devenue une option de traitement importante pour certaines personnes atteintes de maladies cardio-pulmonaires. Au cours des 25 dernières années, à l’échelle mondiale, plus de 20 000 greffes monopulmonaires, bipulmonaires et cœur-poumons ont été réalisées. Quand et pourquoi réalise-t-on cette opération ? Comment ? Le point sur la greffe pulmonaire.

 

La transplantation pulmonaire est une des moins pratiquées des greffes d’organes. La raison ? Le manque de greffons sains, qui explique en partie ce déficit. En outre, une proportion importante de poumons - jusqu’à 80 ou 85% - ne peuvent être greffés en raison d’une infection sous-jacente ou d’un œdème détectés lors du bilan pré-greffe. Cependant, aujourd’hui, la transplantation pulmonaire est une thérapie établie pour les patients souffrant de maladies pulmonaires à un stade avancé. L’intervention permet, le plus souvent, une nette amélioration de la qualité de vie des patients.

 

Les indications de la greffe pulmonaire

 

Les principales indications sont la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), la mucoviscidose, l’hypertension artérielle pulmonaire et la fibrose pulmonaire.

 

La transplantation pulmonaire est devenue une option thérapeutique reconnue pour les cas de broncho-pneumopathie chronique obstructive avancée (BPCO). Celle-ci est définie comme une diminution pathologique du débit de l'air dans les voies respiratoire due à une bronchite chronique obstructive, un emphysème ou la combinaison des deux. La médiane de survie après transplantation pulmonaire dans cette indication est de l’ordre de cinq ans. La majorité des survivants jouissent d’une qualité de vie nettement améliorée.

 

La transplantation pulmonaire est une option thérapeutique établie pour le patient atteint de mucoviscidose présentant une insuffisance respiratoire avancée. La mucoviscidose est une maladie génétique incurable due à la modification de la composition du mucus (viscosité plus élevée que la normale) secrété principalement par les muqueuses respiratoires et digestives. Cette maladie se manifeste par une gêne respiratoire handicapante (obstruction des bronches), des troubles digestifs (occlusions intestinales) et un déséquilibre nutritionnel.

 

La transplantation pulmonaire ou cardio-pulmonaire représente également l’ultime recours en cas d’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) sévère insuffisamment améliorée par un traitement médical maximal. L'hypertension artérielle pulmonaire correspond à un groupe de maladies d'évolution progressive caractérisées par une élévation anormale de la pression sanguine au niveau des artères pulmonaires, dont le symptôme principal est un essoufflement d'effort.

 

Enfin, la fibrose pulmonaire- maladie chronique dont les causes sont très variées et qui provoque l'inflammation et la cicatrisation des alvéoles et des tissus interstitiels des poumons - constitue la quatrième principale indication de greffe pulmonaire. Les indications les plus fréquentes ? La mucoviscidose et la BPCO-emphysème. Toutes ne donnent pas lieu au même type de greffe.

 

Plusieurs types de greffes

 

Trois types de greffes peuvent être réalisés : la greffe monopulmonaire, la greffe bipulmonaire et la greffe cœur-poumons. Dans la greffe monopulmonaire, un seul poumon est remplacé. Dans la greffe bipulmonaire, l’ensemble des deux poumons, avec la vascularisation, est prélevée en bloc chez un donneur, et le poumon droit, puis le gauche, sont greffés successivement à la place des poumons du receveur. Dans la greffe cœur-poumons, c’est l’ensemble cœur et poumons qui est greffé. On prélève d’abord le cœur du receveur puis ses poumons. Les poumons sont ensuite mis en place dans le thorax du receveur et la trachée est suturée à celle du receveur. Ensuite, le cœur est suturé comme dans le cas d’une transplantation cardiaque. Pendant très longtemps, pour des raisons techniques, les chirurgiens préféraient pratiquer une greffe du bloc cœur-poumons même si l’organe cardiaque ne présentait aucune défaillance. L’ancien cœur du receveur était alors proposé à un patient en attente de greffe cardiaque : technique dite du « domino ». Aujourd’hui, la plupart des greffes sont monopulmonaires. Cette transplantation plus simple permet de greffer deux personnes à partir d’un seul donneur. Cependant, elle présente aussi des inconvénients. Si les deux poumons sont atteints, une greffe bipulmonaire avec un même donneur est effectuée. Si la pathologie pulmonaire est associée à une altération grave de la fonction cardiaque, une greffe du bloc cœur-poumons a lieu.

 

Définition

 

La greffe ou transplantation est une technique qui vise à prélever un organe, un tissu ou des cellules sur un donneur et à le greffer sur un receveur. Selon l’organe, le greffon peut être prélevé sur une personne en état de mort cérébrale ou sur un donneur vivant.

 

Des livres pour aller plus loin :

  • §         Vivre avec une greffe, accueillir l’autre, Benjamin Stora, Editions Odile Jacob, Paris, 2005. Au travers de parcours de patients, Benjamin Stora décrit ici les grandes étapes de la transplantation : avant, pendant et après.

 

  • §         Greffe d’organes, Jacques Cinqualbre, Editions Masson, 2004. Cet ouvrage aborde en dix-huit chapitres toutes les questions que l'on se pose au sujet de la transplantation.

 

Le don d’organes, Donneurs, greffés et soignants témoignent, Marlyse Tschui, Editions Anne Carrière, Paris, 2003. Au-delà des témoignages, Marlyse Tschui a aussi voulu faire de son ouvrage un guide pratique. Rédigé en partie sous la forme de question/réponse, Le don d'organes, donneurs, greffés et soignants témoignent, revient sur tout le parcours d'une transplantation : le don ou son refus, la mort cérébrale, la position des différentes religions, la greffe en elle-même et l'après greffe.

 

La greffe pulmonaire en pratique

 

En 2007, 203 greffes pulmonaires et 20 greffes cœur-poumons ont été effectuées en France. Comment se déroulent ces greffes ? Quelles conséquences ? Quel suivi ? Décryptage d’une greffe pulmonaire.

 

La sonnerie du téléphone retentit. Puis, ces mots dans le combiné : « un greffon est disponible, venez vite ». Pour beaucoup, l’aventure de la greffe commence ainsi.

 

Préparation : A l’arrivée au centre de transplantation, quelques examens succincts sont réalisés : vérification de l’absence de contre-indication de dernière minute, comme une infection. Puis, le patient se douche, avant d’être emmené au bloc.

 

Déroulement : L’intervention dure en moyenne entre six et huit heures. Le patient est intubé pendant quelques jours pour permettre une ventilation assistée. Un traitement antalgique est prescrit pour éviter que la douleur ne gêne la fonction respiratoire. La personne greffée reste en général entre une et trois semaines en réanimation. Comme pour les autres organes, il s’agit d’éviter le rejet aigu et tout risque d’infection. Dans un second temps, l’accent est mis sur la rééducation : exercices pour développer les capacités respiratoires et prévenir les infections pulmonaires. Après l’hospitalisation, il est nécessaire de pratiquer une activité physique afin d’augmenter les capacités d’endurance.

 

Suivi après la greffe : Pendant les 6 premiers mois ou la première année, le traitement immunosuppresseur est constitué en général de trois médicaments. Par la suite, ce traitement est affiné, en fonction des bilans, afin de trouver la dose minimale efficace. Des bilans sont effectués de façon très régulière, pour contrôler la fonction respiratoire, rechercher d’éventuels signes de rejet et dépister les effets secondaires du traitement antidépresseur. La personne transplantée doit mesurer son souffle de façon quotidienne. Au moindre signe anormal -fièvre, toux, essoufflement- elle doit se rendre à l’hôpital. Si une infection ou un rejet est suspecté, une fibroscopie avec biopsie est nécessaire pour confirmer le diagnostic et commencer un traitement.

 

Tant que le greffon fonctionne bien, les personnes transplantées peuvent mener une vie quasiment normale.

 

Rejet et traitement immunosuppresseur

 

Le rejet est un phénomène naturel. Face à un corps étranger, l’organisme humain a comme première réaction de chercher à l’éliminer. Il existe deux types de rejet : le rejet aigu, qui correspond à la réponse immunitaire et le rejet chronique, appelé aussi bronchiolite oblitérante, qui apparaît plusieurs années après la greffe et qui combine des phénomènes immunitaires à d’autres causes d’altération du greffon.

Le rejet est prévenu et combattu en bloquant de façon partielle le fonctionnement du système immunitaire. Des médicaments dits immunosuppresseurs sont utilisés. Chaque patient greffé se voit administrer un traitement combinant plusieurs molécules avec différents modes d’action, qui conditionne sa survie et sa qualité de vie. La combinaison médicamenteuse est adaptée en fonction du type de greffe, de l’état du patient et de sa tolérance aux médicaments. Ces traitements ont de nombreux effets indésirables. En premier lieu, ils affaiblissent également les défenses de l’organisme contre d’autres types d’agression. Les traitements immunosuppresseurs doivent être pris régulièrement, et à vie.

 

Source : Agence de Biomédecine

 

Perspectives d’avenir

 

La transplantation pulmonaire est un jalon important dans le traitement des patients souffrant de mucoviscidose et d’autres maladies pulmonaires à un stade terminal. Cette thérapie offre une nouvelle vie à de nombreux patients. On peut s’attendre à d’autres améliorations dans un avenir plus ou moins proche. Ce domaine de la médecine n’a pas fini de progresser. Cela donne à toutes les personnes concernées une nouvelle énergie leur permettant d’aider les malades. Un objectif majeur est de combler le manque d’organes donateurs. Seule une information objective de la population sur les possibilités actuelles de transplantation permettra de résoudre ce problème.

 

Zoom histoire

 

La greffe pulmonaire- Une histoire récente

 

Le poumon s’est avéré l’organe le plus résistant aux tentatives de transplantation. C'est au début du siècle que les premières transplantations pulmonaires, expérimentales, furent pratiquées mais il fallut attendre que se perfectionnent les méthodes de sutures bronchiques pour que l'expérimentation animale sorte du cadre de l'exception. Après la deuxième guerre mondiale plusieurs auteurs rapportèrent des transplantations lobaires chez le chien puis en 1949, le Pr Métras réussit la première transplantation d'un poumon entier, toujours chez le chien. La première greffe pulmonaire chez l’homme fut réalisée en 1963 aux USA. 
Environ 40 greffes furent ensuite réalisées au cours des deux décennies suivantes mais les résultats furent très décevants : la plupart des patients décédaient de rejet, d’infection, ou de problèmes de cicatrisation au niveau des sutures bronchiques dans les jours et les semaines après l’intervention.

Le véritable essor des transplantations d’organes date du début des années 80 quand la ciclosporine A, puissant médicament immunosuppresseur, fut introduite sur le marché. La première greffe cardio-pulmonaire fut réalisée en Californie en 1981, la première greffe mono-pulmonaire en 1983, et la première greffe bi-pulmonaire en1989. En France, la première greffe cardiopulmonaire a été réalisée par le Pr Cabrol, à la Pitié, en 1982.

 

A noter : en 1990, aux Etats-Unis, a été réalisée la première transplantation réussie d’un lobe pulmonaire fourni par donneur vivant : poumon droit d’une petite fille remplacé par un lobe du poumon droit de sa maman.

 

Témoignage : « Je revis depuis ma greffe » Christophe 40 ans

 

« Je suis greffé monopulmonaire gauche. Atteint d’une maladie génétique (déficit en alpha1 antitrypsine), j’ai fait un coma lié à cette maladie en 2004. A mon réveil, on m’a annoncé que je devais être greffé. J’ai repoussé cette opération le temps que j’ai pu tenir. Au bout de 3 ans sous oxygène, j’ai refait un bilan pré-greffe. Je n’ai attendu que sept semaines avant d’être greffé. La greffe s’est bien déroulée malgré un rejet aigu un mois après, traité en 15 jours. Depuis ma greffe pulmonaire, je revis. Depuis Mars 2008, je suis aussi conseiller municipal de ma commune. Je suis également président d'une association qui organise des concerts avec de l'information sur le don d'organes. J’ai une vie bien remplie depuis ma greffe ! »

 

Témoignage :

« J’ai subi une greffe cœur-poumons en 2004 » Virginie Grandhomme, 28 ans

 

« On a découvert ma maladie en 2001. J’avais 21 ans. J’ai une Hypertension Artérielle Pulmonaire Primitive (HTAPP), maladie orpheline. Mon premier traitement ? Un médicament injecté par une petite machine à piles diffusant le produit 24h sur 24. Au début, mon état a été amélioré par ce produit puis peu à peu mon état de santé s’est dégradé : fatigue à la marche, lèvres bleues, essoufflement… En août 2002, j’ai été mise sur liste d’attente pour une greffe cœur-poumons. Le 4 juillet 2003, on m’a appelée car un greffon était disponible mais la greffe n’a pas pu avoir lieu à cause d’un problème au niveau du greffon. J’ai été déçue mais soulagée aussi… A partir du mois de septembre, je devais utiliser une chaise roulante pour me déplacer. Le 5 septembre 2004, jour J : celui de ma greffe. Tout s’est bien passé : une semaine en réanimation puis deux semaines en chambre et la sortie. J’ai connu des soucis : 2 rejets avec hospitalisation, des infections…Aujourd’hui, je vais bien. Mes nouveaux poumons me permettent de respirer enfin la vie. J’ai une grande admiration pour le donneur et sa famille, à qui je dois la vie. Je pense à eux tous les jours. »

 

La greffe, côté règlementation

 

Du donneur au receveur

 

En France, chacun est considéré comme un donneur d’organes potentiel, à moins d’avoir exprimé son opposition : c’est le consentement présumé. Un registre national des refus existe pour ceux qui ne souhaitent pas de prélèvement d’organes. Conformément à la loi, quand une personne décède à l’hôpital et que le prélèvement d’organes est possible, l’équipe médicale consulte le registre national des refus. Si le nom du défunt n’y figure pas, elle doit interroger obligatoirement la famille, afin de vérifier que leur proche n’était pas opposé au don d’organes. Du témoignage des proches, qui a une valeur légale, dépend le prélèvement. La carte de donneur, elle, n’a pas de valeur légale mais elle peut aider à engager le dialogue avec les proches. En cas de réponse positive, l’équipe médicale informe l’Agence de Biomédecine de la disponibilité d’un ou plusieurs greffons. Les organes sont prélevés et acheminés aux centres de transplantation du ou des receveurs.

 

La répartition des greffons

 

Tous les patients nécessitant une greffe sont inscrits sur une liste d’attente. Celle-ci est gérée par l’Agence de biomédecine, organisme public ayant repris les missions de l’Etablissement Français des Greffes. L'inscription sur cette liste s'effectue par l'intermédiaire du centre de greffe dans lequel un malade est suivi. Elle permet ensuite l'attribution des greffons en fonction de critères géographiques (greffon proposé d'abord au niveau local, puis régional, puis national), cliniques (personnes dont la vie est menacée à court terme), mais aussi de l'âge du patient (les enfants de moins de 16 ans étant prioritaires).

 

Chiffres clés greffes

 

En 2007 :

 

- 1562 donneurs ont été prélevés

- 32% des donneurs prélevés avaient plus de 60 ans

- 13 081 personnes ont eu besoin d’une greffe d’organe

- 4666 malades ont été greffés

- 5,4% des greffes d’organes ont été réalisées grâce à des donneurs vivants

- 227 malades sont décédés faute de greffe

 

La carte de donneur d’organe

 

Lorsqu’on est favorable au don d’organe après sa mort, on peut prendre sa carte de donneur. Celle-ci, indiquant le nom, le prénom, l’âge du donneur potentiel, mentionne : « Je décide de faire don, après ma mort d’éléments de mon corps (organes, tissus) en vue d’une greffe. Je témoigne de cette décision en portant une carte sur moi. » A noter : il est également possible de faire part de sa volonté sur papier libre, à conserver également sur soi. Il ne faut pas oublier d’informer ses proches de cette décision afin qu’ils ne l’apprennent pas à un moment très douloureux.

Pour obtenir une carte, il suffit d’en faire la demande gratuitement auprès de :

 

- l’Agence de biomédecine

http://www.efg.sante.fr/fr/pub/documentation-commandedoc.asp

- L’association France Adot

http://www.france-adot.org/demande-carte-donneur.php

 

Source : Agence de biomédecine, Novartis

 

La transplantation pulmonaire chez les enfants et les jeunes

 

Des jeunes à bout de souffle

 

Une vingtaine de greffes pulmonaires pédiatriques se font actuellement en France. L’indication mucoviscidose représente 75 à 80% des patients jeunes - moins de 18 ans - subissant actuellement ce type de transplantation. Zoom sur la greffe pulmonaire pédiatrique avec le Pr Gérard Lenoir, chef de service à l’hôpital Necker-Enfants malades.

 

La mucoviscidose représente l’indication principale des greffes pulmonaires. Quelles sont les autres indications ?

« Le reste des greffes pulmonaires pédiatriques se fait sur des enfants atteints de fibrose pulmonaire idiopathique ou non et sur des enfants intoxiqués par des produits chimiques qui ont détruit leurs poumons. »

 

Pouvez-vous nous rappeler l’histoire de la greffe pulmonaire chez l’enfant. ?...

« En France, la première greffe cardio-pulmonaire sur un enfant atteint de mucoviscidose a eu lieu en 1988. Jusqu’en 1995, on greffait le bloc cœur-poumons. A partir de 1995, on passe à une greffe pulmonaire, avec la technique bi-pulmonaire séquentielle. Chez l’enfant, cela permet de greffer des segments de poumon et non plus des lobes. On s’adapte ainsi à la taille du sujet à greffer. Plus de 400 greffes ont été effectuées en France. » 

 

Il y a des meilleurs résultats…

« Il y a une amélioration très franche des résultats maintenant. Le changement le plus important est celui de l’âge moyen de la transplantation qui passe de 15,6 à 21,7 ans. Et c’est très bien car nous essayons de repousser le plus possible l’âge de la greffe. Les résultats à long terme sont très intéressants, on a des reculs de 17-18 ans, certes pas très fréquents.

On se bat mieux contre les complications ; la bronchiolite oblitérante est la plus fréquente, dans 50% des cas. Cette maladie multi-factorielle équivaut à un rejet chronique du greffon. On arrive à juguler cette bronchiolite oblitérante si on agit sur divers facteurs : facteurs inflammatoires, facteurs infectieux…On arrive à présent à maîtriser assez bien cette complication.

 

Des jeunes meurent faute de greffons disponibles…

« Oui, nous avons des jeunes sur liste d’attente qui décèdent faute de greffon. A Necker, en collaboration avec l’Hôpital Européen Georges Pompidou (HEGP), nous avons mis en place la Super Urgence (SU) qui permet de greffer en priorité des jeunes qui sont en réanimation. C’est expérimental pour l’instant. Nous avons fait greffer 5 enfants comme ça depuis 2007. D’autres hôpitaux se mettent à ce système, qui chez nous cela fonctionne bien. Cela nous semble une voie intéressante, mais pour que ce régime fonctionne, il ne faut pas qu’il représente plus de 25% des jeunes sur liste d’attente. Un autre espoir d’avoir plus d’organes à greffer disponibles : le reconditionnement des poumons des donneurs ex vivo, grâce à des machines. Cela va commencer en France et semble une solution pour progresser. »

 

Témoignage

 

« J’ai été greffée des deux poumons » : Julie, 15 ans


« Je suis atteinte de mucoviscidose. Il y a 4 ans que j’ai été greffée des 2 poumons. J’avais 11 ans à l’époque, j’allais tellement mal, je ne pouvais presque plus marcher, faire 50 mètres était une vraie épreuve. Les quelques mois avant ma greffe, j’étais toujours à l’hôpital. Et quand je pouvais rentrer chez moi, je n'y restais que une semaine ou deux, mais j'étais dans un tel état que je ne pouvais rien faire ou presque. Les derniers temps, le simple fait de respirer me fatiguait... J’ai alors été mise sur liste d’attente pour une greffe. J’ai eu de la chance, je n’ai attendu que 9 jours. Un soir, le téléphone a sonné. Ils avaient trouvé des poumons pour moi. Tout est allé très vite. J’ai fait une radio et une prise de sang, puis la greffe a duré 8 heures. Après la greffe j'ai été aux soins intensifs après quarante-huit heures. Ils m’ont désintubée et la première chose que j'ai dite c’est: "j'ai trop d’air"! Je suis restée 1 semaine en soins intensifs et après je suis restée 3 semaines environ dans le service de pédiatrie. Depuis tout va bien. Je suis à 70% de ma capacité pulmonaire. J'ai encore 2 heures de kiné pas jour environ pour éviter que je m'encombre. Je prends des médicaments antirejet. Il faut que chacun ait une carte de donneur d’organes sur lui, car accepter de donner ses organes après son décès permet de sauver plusieurs personnes. »

 

 

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la greffe pulmonaire : Quels sports peut-on pratiquer après une greffe pulmonaire ? Peut-on avoir un enfant ?  Puis-je donner une partie de mon poumon de mon vivant ?

 

Réponses à vos questions.

 

Un greffé pulmonaire est-il sensible aux climats et à la pollution ?

Un greffé pulmonaire n’est pas plus sensible aux conditions climatiques et à la pollution qu’un non greffé.

 

Un greffé pulmonaire peut-il prendre l’avion et voyager ?

Oui, un greffé pulmonaire peut prendre l’avion, à condition que son état soit satisfaisant. En ce qui concerne les voyages, il faut juste attendre que les visites de contrôle s’espacent un peu. Toutes les destinations sont possibles a priori mais il faut éviter les régions du monde où les conditions d’hygiène ne sont pas optimales. Avant tout départ, une visite chez le médecin est nécessaire pour vérifier qu’il n’y a pas de contre-indication, de risque d’infection et pour préparer au mieux le voyage. Dans tous les cas, la personne greffée doit porter sur elle une carte qui indique son statut de transplanté et les coordonnées de l’hôpital français dans lequel elle est prise en charge… et penser à emmener son traitement avec elle.

 

La fibrose pulmonaire

 

Dr Nicolas Roche, Pneumologie et Réanimation, Hôtel-Dieu

 

  • C’est une maladie chronique dont les causes sont très variées (plus de 140) : maladies générales, médicaments, allergies, etc. Elle provoque une inflammation et une cicatrisation anormales des tissus des poumons. Dans la moitié des cas, la cause n’est pas trouvée malgré un bilan complet. On parle alors de fibrose idiopathique.
  • Cette affection touche autant les hommes que les femmes et elle est généralement diagnostiquée entre 40 et 70 ans, peu importent l’ethnie et la situation géographique. L’évolution est très variable. Elle peut favoriser certaines infections et entraîner des complications graves, dont l’insuffisance respiratoire chronique et l’hypertension pulmonaire.

 

  • Signes cliniques 
    • Essoufflement au cours d’un effort physique
    • Toux sèche
    • Perte d’appétit, fatigue, perte de poids,
    • Par la suite, peuvent apparaître un essoufflement permanent, une cyanose (coloration bleutée des lèvres, ongles…) due à l’oxygénation insuffisante des tissus.

 

  • Explorations
    • La recherche du retentissement repose surtout sur l’exploration fonctionnelle respiratoire, la mesure des gaz du sang, des tests d’exercice, l’échographie cardiaque.
    • Le bilan inclut aussi radiographie et scanner thoraciques.
    • La recherche d’une cause repose sur l’interrogatoire (expositions environnementales et médicamenteuses, signes cliniques généraux), des prises de sang (bilan immunologique), la fibroscopie bronchique et parfois même la biopsie pulmonaire chirurgicale.

 

  • Traitement

Si la cause est connue, on traite la maladie ou le problème à l’origine de la fibrose. Le traitement repose sur l’administration de corticoïdes à doses variables selon la forme de la maladie. L’efficacité de ces traitements reste modeste pour les fibroses pulmonaires idiopathiques.  Les recommandations actuelles proposent l’association de corticoïdes et d’immunosuppresseurs. L’interféron gamma1b a été utilisé dans certains cas de fibrose pulmonaire idiopathique (essai thérapeutique). Des études ont aussi suggéré l’intérêt de la N-acétyl-cystéine. En cas d’insuffisance respiratoire, une oxygénothérapie d’effort, et parfois de repos, peut être nécessaire. Une réhabilitation respiratoire peut aussi améliorer la tolérance à l’effort. Dans certains cas, une transplantation pulmonaire peut être envisagée.

 

Seul votre médecin peut faire un diagnostic

 

 

Dossier élaboré par Anne-Sophie Glover Bondeau, journaliste.

 

Paru dans la « Lettre du Souffle » n° 51 du CNMR (Comité National contre les Maladies Respiratoires).

J’ai été greffée, puis-je avoir un enfant ?

Il est possible d’avoir un enfant après une greffe pulmonaire. Cependant, une grossesse dans un tel cas nécessite une étroite collaboration avec l’équipe de transplantation car certains médicaments sont toxiques pour le fœtus.

 

Quels sports pratiquer  après une greffe pulmonaire ?

Aucun sport n’est déconseillé après une greffe pulmonaire. Toute activité physique est bonne.

 

Lorsqu’un enfant ou un jeune reçoit une greffe, ses poumons grandissent-ils avec lui ?

De façon assez extraordinaire, il y a une adaptation de l’organe greffé au corps recevant. Il faut adapter la taille des poumons que l’on greffe à celle des poumons du receveur et, ensuite, il n’y a aucun problème lorsque l’enfant grandit.

 

Quel est l’âge minimum requis pour recevoir une greffe du poumon ?

La greffe est extrêmement marginale chez l’enfant et rarissime avant 12 ans. A l’Hôpital Georges Pompidou, deux enfants âgés seulement de 8 et 12 ans ont été greffés en 2006 et vont aujourd’hui très bien. « Il faut que l’enfant pèse au moins 22 à 25 kilos, donc un enfant de 6-7 ans » explique le Pr Gérard Lenoir ». « En dessous, on fait des greffes cœur-poumons » si besoin est. « Nous essayons de repousser au maximum l’âge des greffés car des greffes chez l’enfant de moins de 12 ans sont très compliquées » ajoute t-il.

 

Peut-on greffer un poumon d’adulte sur un enfant ?

Oui. Depuis une vingtaine d’années, on peut couper en deux un poumon et ne mettre que des lobes : c’est la transplantation bi-lobaire.

 

Plusieurs greffes pulmonaires sont-elles nécessaires au cours d’une vie ?

La durée de vie d’un greffon est variable. Nous n’avons pas encore beaucoup de recul mais certaines personnes vivent depuis 20 ans avec une greffe pulmonaire. La retransplantation reste rare : elle représente moins de 10% des greffes.

 

Un fumeur peut-il faire don de ses poumons ?

Aucun état de santé n’est un obstacle à un don d’organes a priori. Il n’y a pas de conditions de santé à remplir pour donner. Le prélèvement peut être envisagé même sur certains donneurs sous traitement médical, ou qui ont des antécédents médicaux lourds. Les médecins sont seuls juges, au cas par cas, de l’opportunité du prélèvement. En ce qui concerne la greffe pulmonaire, un fumeur peut faire don de ses poumons.

 

Puis-je donner un poumon de mon vivant à un proche ?

Moins de 5 greffes pulmonaires ont été faites à partir de donneurs vivants en France. Ces dernières années, deux greffes pulmonaires ont été réalisées à partir de donneurs vivants (deux personnes transplantées avec deux lobes provenant de chacun de leurs parents). Dans ce cas, on prélève un lobe pulmonaire sur deux donneurs distincts (nous avons en tout 5 lobes pulmonaires : 3 à droite et 2 à gauche). Compte tenu du risque important pour les donneurs – et de la lourdeur de l’intervention, il est peu probable que les greffes pulmonaires de donneur vivant se développent dans les années à venir. « C’est très compliqué, cela nécessite trois salles d’opération et puis un adolescent greffé a besoin de ses parents et ceux-ci perdent 20% de leur capacité pulmonaire avec l’opération » explique le Pr. Gérard Lenoir.  La voie du donneur décédé est privilégiée en France. Aux Etats-Unis et au Japon, la greffe pulmonaire à partir de donneurs vivants est un peu plus fréquente.

 

Dossier réalisé en collaboration avec le Dr Gabriel Thabut et le Pr. Gérard Lenoir